Tout le monde a un point de vue sur l’école ! Et un point de vue personnel !
Parce qu’on y a tous passé notre enfance !
Pour certains parce qu’ils y enseignent !
Et pour ceux qui sont parents, parce qu’on lui confie ce qu’on a de plus précieux : ses enfants !
Or, autant d’individus, autant d’attentes et de conceptions différentes de ce que doit être l’école !
Savez-vous que 90% des professeurs disent aimer leur métier mais que 63% seulement y trouvent du sens ? (Baromètre UNSA-Education 2020)
Savez-vous surtout que ce critère du sens est 14 points plus bas qu’en 2018 ?
C’est vraiment triste parce que leur rôle de passeur, de transmetteur de savoir, de révélateur de talents a vraiment du sens ! Nous avons presque tous dans un coin de notre tête un enseignant à qui nous aurions envie de dire MERCI !
Pour moi, elle s’appelle Nicole ! Et vous ?
Un malaise sur l’école
Les profs paient dans l’opinion des lieux communs sur leur « boulot peinard » basé sur :
Le calendrier des vacances scolaires
La sécurité de l’emploi
Mais si on est parfaitement honnête, il faut reconnaître au système de l’Education Nationale quelques contrariétés que nous ne saurions pas tous dépasser :
Un prof ne choisit pas l’établissement, voire les établissements, dans lequel il travaille. Quand on est affecté dans 2 écoles différentes à 2 extrémités de l’académie, pas de refus possible.
Un prof ne choisit pas son emploi du temps… et quand il est le dernier arrivé, il s’adapte aux plus anciens ! (Entre profs, on n'est pas toujours tendre !)
Un prof ne choisit pas ses élèves ! Tous les enfants ne sont pas des intellos sympathiques!
Un prof a encore du boulot quand il rentre chez lui. Construire un cours, ce n’est jamais terminé. Il pourrait y travailler 7j/7. Pas de frontière ni de limite entre son travail et sa vie privée, sauf à ce qu’il les mette, lui.
Un prof a finalement assez peu de marges de manœuvres face à des élèves perturbateurs : retenues, mauvaises notes, exclusions. Et après ???
L’école est victime d’injonctions contradictoires :
1. D’une part, une exigence de performance. Aujourd’hui, tout est évalué, noté, comparé. (Même le Bonheur, c’est dire, avec la création depuis 1980 d’un Indice de Bonheur Intérieur Net pour chaque pays !) Il faut être efficace, il faut justifier de sa méthode, de l’utilisation des budgets et de ses résultats. La société est compétitive. Ça c’est la réalité.
2. … mais cette réalité heurte une 2ème injonction, issue de l’émergence des droits individuels et notamment celui d’être unique et reconnu comme tel : On demande au système de l’écoute, de la bienveillance et du traitement différencié. Tout le monde doit avoir les mêmes chances de réussite, laquelle réussite doit être la même pour tous. Pour celui qui est dys, pour celui qui est HP, pour celui qui ne travaille pas, pour celui qui s’amuse avec ses potes. Parce qu’il y a toujours une bonne raison de voir en chacun un être unique, merveilleux et infiniment respectable.
Et c’est vrai ! … sauf que c’est impossible à gérer !
C’est intenable :
Pour les profs qui sont tiraillés et finissent par prendre en grippe parents et élèves.
Pour les enfants qui entrent dans le moule et qui reçoivent de moins en moins de l’école.
Pour les enfants à particularités, parce qu’en les enfermant dans leur particularité et en leur faisant croire que la société va s’adapter à eux, on ne les prépare pas à la vraie vie d’après.
Pour les parents, à qui ont fait croire que c’est possible et qui s’enferment dans des demandes qui leur prennent une énergie de folie.
Entre l’école et les parents, on se renvoie l’ascenseur des responsabilités. Les uns enseignent mal, n’utilisent pas les bonnes méthodes et sont fainéants. Les autres élèvent mal leurs enfants, leur donnent toujours raison et sont démissionnaires. Chacun a une idée sur l’autre. Ce qu’il ne fait pas et ce qu’il devrait faire.
Jolie initiative d’une école : en début d’année les maîtresses reçoivent les parents 10 mn, le vendredi soir ou le samedi. Pas pour leur dire ce qu’elle attend d’eux. Pas pour leur dire ce qu’elle sait déjà de leur enfant. Pour leur demander de lui parler de leur enfant, de la famille, et mieux le connaître pour mieux le prendre en compte.
Les profs vont dire qu’ils n’ont pas le temps. Certes ! Mais peut-être que ce serait perdre du temps… pour en gagner. Quand on se connaît, on se découvre plus réel et on sort des caricatures. Quand on se connaît, c'est plus facile de passer un coup de téléphone pour échanger sur une difficulté ou une incompréhension.
A chacun sa mission :
Autrefois, on demandait à un professeur de transmettre des savoirs. Point. Aujourd’hui, ils doivent intéresser les élèves, les aider à construire leurs propres savoirs et à développer des compétences, il faut monter des projets pédagogiques en transversal ou avec des partenaires extérieurs, et en plus de transmettre quelques connaissances, il faut les éduquer à la santé, à la citoyenneté, à l’égalité…
C’est possible, mais au prix d’un engagement personnel énorme ! Que beaucoup font, il faut le reconnaître.
Pourtant, ce n’est pas à l’école :
D’apprendre à nos enfants à se laver les dents
D’apprendre le code de la route et à faire de la trottinette
D’apprendre à utiliser le traitement de texte en CE1
D’apprendre à mettre un préservatif sur une banane
Pas parce que toutes ces choses ne sont pas importantes (elles le sont !), mais qu’’elles empiètent sur le travail des parents… qui du coup se déchargent sur l’école, de ces missions-là et des autres. Et c’est un 1er cercle vicieux.
Pour quelques parents qui ne font pas leur boulot de parent, on a chargé l’école de prendre le relais… au détriment de ses vraies missions, que la majorité des parents ne sait pas faire. On l’a bien vu avec le confinement : enseigner, c’est un vrai boulot. (Les journées d’école ne faisant toujours que 6H, le temps consacré au traitement de texte, à la trottinette et au code de la route n’est plus consacré à la grammaire et à l’histoire).
En, empiétant sur ce qui est du domaine éducatif, l’école est intrusive dans l’éducation et les valeurs des parents et crée de la défiance. Et le 2ème cercle vicieux est en place.
3 idées :
1. Pour les enseignants
La formation, initiale ou continue, est ce qu’elle est. On ne va pas changer le système en 5mn. Vous, qu’est-ce que vous pourriez « travailler » pour prendre votre destin en main ? Des professeurs se forment à la gestion de groupe, à la communication non-violente adaptée à l’école, au théâtre, aux méthodes alternatives : Montessori, Freinet…On n’est pas obligé de tout attendre d’un employeur, on peut aussi faire des formations par soi-même. Et si on y gagne plus de sérénité et même pourquoi pas de plaisir ou d’enthousiasme au travail, ce serait dommage de s’en priver !
2. Pour les parents :
Et si vous preniez le temps de vous poser ?
Quels sont mes souvenirs d’écolier ? Est-ce que j’ai aimé l’école ? Des professeurs ? Est-ce que j’y avais des amis ? Est-ce que j’ai aimé apprendre ? C’est important parce qu’on transmet à notre enfant quelque chose de notre vécu d’écolier.
Qu’est-ce que je ressens quand je pense à l’école de mes enfants ? Quels sont mes liens avec ses acteurs (directeur, enseignants, parents) ? Quels sont nos points de rencontre ?On met moins dans des cases les gens que l’on connaît. On accepte mieux un système auquel on participe. (On peut plus facilement rectifier un souci entre notre enfant et l’Ecole quand on en connaît les acteurs).
L’école idéale, pour moi, ce serait quoi ? Lister et regarder ce qui existe dans l’école de mes enfants. Si ce n’est pas suffisant, est-ce qu’il pourrait y avoir d’autres écoles qui colleraient davantage à mes attentes ? (publiques, privées sous-contrat, privées hors-contrat ?) = arrêter de subir et décider de choisir.
3. Pour les enfants
Le temps de l’école quand on n’y est pas heureux, quelle que soit la raison, c’est horrible ! Qu’on soit zèbre (HP), dys, hyperactif, stressé, ou mal-aimé par les autres, ce temps collectif obligatoire peut être vraiment source de grande tristesse ou de colère quand on y est mal.
En se changeant soi, on modifie l’interaction avec les autres. Ça peut se faire, en faisant des activités qui développent des talents ou compensent des difficultés : théâtre, tir à l’arc (pour un enfant qui a du mal à se concentrer), escalade, chant…
Ça peut se faire aussi en allant voir un professionnel : psy mais pas que : thérapie brève systémique et stratégique, coaching scolaire, psychopédagogue, graphothérapeute…
Avoir une vie épanouissante « en dehors », ça permet aussi de diluer le temps d’école et les difficultés. On peut aussi « travailler » les relations dans la famille, avec les amis extérieurs…
Je suis formée à la Thérapie Brève Systémique et Stratégique avec une spécialisation pour accompagner les professeurs et les élèves en situation de souffrance dans le milieu scolaire et travaille en réseau avec les centres Chagrin Scolaire. Parlons-en !
Bonjour,
Je dois dire que j'ai bien aimé l’école, malgré les quelques points négatifs. Certains profs n’avaient tout simplement pas la patience de travailler avec des enfants.
Je comprends que les enseignants ne choisissent pas les établissements au préalable, mais ils ont pris l’engagement d’enseigner aux enfants et ne doivent pas reculer dès les premiers obstacles.
Les professeurs doivent eux aussi avoir un suivi psychologique afin de les aider à faire face aux élèves les plus difficiles.