Famille mosaïque : un terme créatif pour remplacer l’expression plus courante : « famille recomposée ».
Les familles recomposées, dans la publicité et dans les séries télé, c’est toujours sympa : tout le monde s’entend bien, les ex et les nouveaux ; les enfants biologiques, les adoptés, les miens, les tiens, les nôtre !
Dans la publicité, même quand on se dispute, on se réconcilie en s’aimant encore mieux après.
Dans la réalité, pas celle de la télé, la vraie, ce n’est pas souvent aussi simple. Ça ne veut pas dire non plus que c’est la guerre des tranchées, mais certaines périodes de l’année sont plus sensibles.
Noël et les grandes vacances font partie de ces moments où les attentes sont fortes et peuvent générer des conflits, plus ou moins larvés. Parce que ces deux périodes de l’année sont chargées d’émotion et d’attentes d’attentions d’amour et de sécurité.
Du côté des enfants, un paramètre que les adultes oublient souvent, c‘est que la famille recomposée n’a pu se construire que parce qu’une autre famille (la leur) a été décomposée. Les adultes se reconstruisent plus ou moins bien après une séparation, mais ils ont la main pour le faire. Pas les enfants qui sont obligés de suivre les décisions des parents.
Le contexte de la fin de cette première famille est important pour construire la nouvelle. Avec un élément fondamental : les enfants prennent presque toujours le parti de celui des deux parents qui souffre le plus. Et peuvent culpabiliser quand ils passent de bons moments avec l’autre.
Quelques pistes pour faire un état des lieux :
Comment ont-ils appris la séparation ?
Qu’ont-ils dit ? (Attention ! ce n’est pas toujours la vérité de leur ressenti)
En avons-nous reparlé depuis ?
Comment vivent-ils les aller-retours chez l’un, chez l’autre ?
Sont-ils du genre « je m’exprime, je râle » ou « je suis passif, je m’adapte, je ne dis rien » ?
Quand on est un enfant (même grand), à Noël comme pendant les vacances d’été, on a à se dédoubler entre ses deux parents. Être avec l’un ET ne pas être avec l’autre.
Même quand le temps a passé, certaines étapes de vie peuvent réactualiser la perte.
Par exemple, quand le couple recomposé a un nouvel enfant, ou quand cet enfant a l’âge qu’avait l’enfant de l’ancien couple au moment de la séparation, ou lorsque l’ado vit son 1er amour, etc.
Revivre ce chagrin de la perte de sa famille unie, ne signifie pas pour l’enfant refuser la réalité. Il peut juste avoir besoin d’exprimer sa perte, de dire sa tristesse et d’être entendu. S’il n’est pas entendu, ça peut sortir en agressivité ou en repli.
Laisser à son enfant l’espace pour dire ce qui est difficile pour lui, c’est lui ouvrir un espace de confiance pour être accueilli sans condition. Ce qui ne veut pas dire l’autoriser à être odieux avec sa belle-mère, ou les enfants du beau-père. Accueillir ET rappeler certaines réalités !
Ex. J’entends combien c’est dur pour toi de… (et après l’avoir laissé aller au bout de son expression). Mais la réalité maintenant, c’est que j’aime XXX et je vis avec elle, et je te demande d’être…. (poli, gentil, sociable, coopérant, etc).
Une famille recomposée, c’est une nouvelle famille avec ses valeurs, ses rites et ses manies.
Ex. Chez Papa et Maman, c’était soirée-galettes tous les dimanches soir. Chez Maman maintenant, c’est inenvisageable, tellement cela fait écho à une période heureuse et terminée. Plus de galettes ! Chez Papa, depuis qu’il vit avec Floriane, c’est plutôt légumes crus ou vapeurs et céréales bizarres qu’on n’avait jamais mangées avant. Autant vous dire que nous seulement c’est la soupe à la grimace quand il faut aller chez Papa, mais en plus la fratrie se serre les coudes et rigole sur le dos de Floriane ! Parce que c’est plus facile de se solidariser au détriment de Floriane, qui est l’intruse, que sur le dos de Papa ! Même si c’est lui qui est parti de la maison. Et même quand il organise une soirée galettes, puisqu’il sait combien on aime ça, elles ont le goût amer de la trahison.
Alors ? Une famille recomposée, ça ne peut pas fonctionner ?
Si ! Bien sûr avec 2 ingrédients fondamentaux : SE PARLER et s’ECOUTER !
Rien n’est évident, il faut se dire ses attentes et ses désirs, ses regrets, demander pardon et prendre des décisions collectives.
1. Passer d’une maison à l’autre exige de faire preuve d’une grande souplesse. Qui pense à leur dire Merci ?
Ex. Merci mes chéris parce que vous avec accepté avec beaucoup de bonne volonté de passer d’une maison avec chacun sa chambre à un appartement avec chambre collective !
Les vacances, c’est une période d’attentes et de peurs. On va (enfin) passer du temps ensemble mais est-ce qu’on va bien se retrouver ? Est-ce qu’on aura du temps qu’avec Papa ou faudra-t-il toujours le partager avec les enfants d’Amélie ? Est-ce qu’on va manquer à Maman pendant les vacances avec Papa ?
2. Et si on organisait une soirée « spécial vacances » juste le parent et ses enfants pour se dire ces attentes et ces peurs ? On aurait le droit de noter toutes les attentes, et toutes les peurs, et on en parlerait. Sans jugement. On a le droit de ressentir. Ce sont les actes de vandalisme qui sont punis, pas les émotions !
3. En couple recomposé aussi, on peut organiser un dîner sur le même format. Mes attentes, mes peurs. Qu’est-ce qui ferait que ces vacances seraient réussies ?
4. On peut imaginer des modes d’emploi : par ex, pendant les vacances, chacun a droit a une activité qu’il «impose » aux autres (déterminer la durée et le budget à l’avance) et un repas qu’il compose à son choix. Ça peut être l’occasion de se découvrir différemment et de passer un bon moment… à condition de dire un vrai OUI, c’est-à-dire de jouer le jeu de l’activité choisie par un autre que soi.
Ex. Une balade, une visite, un atelier sushis, un atelier massage de pieds, une après-midi à la plage, un jeu de société
5. Après un temps de réflexion, on pourrait se revoir une autre fois avec des propositions concrètes.
Où ?
Quelles activités ?
Quel rythme ?
Quelle logistique ?
Si ça vous semble difficile, prenons RV et organisons ensemble ce temps d’échange de votre famille mosaïque !
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