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  • Photo du rédacteurKarine Triot ktriot@free

Harcèlement : une histoire d'estime (de soi et de l'autre)

Dernière mise à jour : 18 nov. 2021




On en parle beaucoup aujourd’hui. Le phénomène peut sembler nouveau. Et pourtant, ce n’est pas le cas !

Il y a toujours eu des « codes » dans la cour d’école, des lois (ne pas cafter, ne pas être une balance).

Regardez en famille "La Guerre des Boutons" de Yves Robert !


Aujourd’hui, on brandit des valeurs de tolérance et de respect… dans une société qui est de plus en plus individualiste : chacun sa chambre, la salle de bain des enfants – la salle de bain des parents, chacun a un ordinateur, un portable, il y a plusieurs écrans à la maison et chacun regarde ce qu’il veut.

  • On y gagne : une plus grande liberté… mais aussi de ne plus avoir à supporter le choix, les habitudes de l’autre.

  • On y perd : de négocier, de discuter, de trouver un consensus… Bref ! De s’habituer à l’autre avec son altérité.


On parle de harcèlement quand il y a répétition : des faits, de celui qui commet et de celui qui supporte. Surtout : quand il y a souffrance.


Il y a plusieurs approches du harcèlement :


1ère méthode : Penser que la personne harcelée a une différence qui la fragilise et que le harcèlement est un rejet de cette différence : celui qui a des lunettes, celui qui est gros, celui qui est d’origine étrangère, celui qui est efféminé, celle qui n’a pas le sac Vanessa Bruno ou les baskets Nike, etc.

Dans les derniers exemples, on achète vite l’accessoire nécessaire pour « être dans le groupe ».

Pour les autres cas, on victimise et on dénonce. On organise des conférences, des rappels : « c’est mal, c’est interdit (par le règlement ou par la loi), et si vous êtes témoin ou victime, il faut tout de suite en parler aux adultes, à la police, etc »


  • L’avantage= ça nous donne l’occasion de rappeler nos valeurs de « vivre ensemble ». ça nous donne l’illusion que nous, les adultes, nous maitrisons. Quoi ? mystère

  • L’inconvénient ? Ça ne tient pas compte de la réalité, c'est à dire que révèle ce phénomène de groupe ?


  • Chez les animaux, la survie passe par l’élimination des plus faibles

  • Dans tout groupe humain, il y a eu des sacrifices. A quoi servent-ils ? A assouvir nos pulsions destructrices et à les canaliser pour justement bien vivre ensemble. Or, dans nos sociétés occidentales aseptisées, il n’y a plus de lieux où exercer sa violence : ni service militaire, ni guerres, ni chasse, ni rituels.

Petite parenthèse, je vous invite à regarder l’excellent film « Cap’tain Fantastic » qui débute par la chasse d’un cerf au couteau par un jeune de 16 ans, entrainé par un père hors norme, qui fait vivre ses enfants dans la forêt et ritualise l’événement en faisant manger à son fils le cœur de ce cerf : « ça y est ! tu es un homme ! »


  • En parallèle, les pulsions sont excitées par la publicité qui nous enjoint d’oser, de s’affirmer, de ne pas se laisser faire.

  • Enfin, les enfants passent énormément de temps devant des modèles immoraux : jeux vidéo qui prônent la violence (tuer, gagner plus de points en tuant des femmes enceintes, des migrants, etc) ; télé-réalité qui sous apparence de convivialité met en place un système de critiques et d’éviction des autres candidats ; émissions avec des animateurs starisés ou des chroniqueurs qui se paient la tête des invités ou des téléspectateurs. Thierry Ardison, Cyril Hanouna, Laurent Ruquier pour n’en citer que quelques-uns.

Nous sommes dans une société de la loi du plus fort… qui ne s’assume pas !


Que se passe-t-il dans les cours d’école ?

  • Pression pour réussir (transmise par les parents, les profs, mais aussi toute la société) : peur de l’échec, peur du chômage.

Or aujourd’hui, réussir n’est plus seulement intellectuel ou professionnel, une vie réussie exige des contacts, un réseau et des amis. Autrefois, les parents s’inquiétaient moins de la socialisation à l’école (signe qu’ils y accordaient moins d’importance). Aujourd’hui, si notre enfant n’a pas d’amis à l’école, on est inquiet et cette inquiétude le contamine, même si au départ, cette solitude n’était pas une souffrance.


  • A l'école, il y a une forte concentration d’individus qui ont peur de l’avenir : l’adolescence c’est le temps du changement, on oscille entre le sentiment de toute-puissance et la peur. Quand on est tout-puissant, on peut tout faire, on n’a plus de limites… et on a peur de ce que renvoient ceux qui semblent faibles. Quand on a peur, instinctivement on se camoufle, on fuit… ou on agresse !

Autre réalité d’aujourd’hui :

La socialisation n’est plus limitée dans l’espace puisque internet et les outils technologiques ont abolit les frontières et créé un grand espace de vie où l’intime et l’extime se côtoient. Avant, on pouvait ne pas être très heureux à l’école, mais avoir un espace plus serein à la maison. On pouvait ne pas avoir d’amis à l’école, mais être apprécié aux scouts, à la gym, au basket… Aujourd’hui avec les réseaux sociaux, les infos et les rumeurs, se propagent très vite et cela 24H/24, 7j/7. On n’a plus de répit.

A voir : le téléfilm « Marion 13 ans pour toujours » adapté du livre de Nora Fraisse.


2ème méthode quand un enfant est harcelé : le changer d’école. (Ce qui est tout à fait compréhensible comme réaction parce que quand notre enfant souffre, on souffre avec lui et on veut que ça s’arrête !)

Le problème, c’est que l’enfant a rencontré une difficulté et qu’il n’a pas su y faire face tout seul. Certes il y avait un contexte, mais il y avait aussi une fragilité et elle n’a pas été traitée. Ce que l‘enfant a vécu dans une école peut se reproduire ailleurs. Et fixer une fragilité temporaire en statut de victime.


3ème réaction : celle de la thérapie brève, mise en pratique par une thérapeute un peu hors norme qui s’appelle Emmanuelle Piquet. Plusieurs livres « Te laisse pas faire » « Je me défends du harcèlement » % Albin Michel Jeunesse

Son analyse est qu’il règne dans la cour de récré des règles et des lois qui sont propres aux enfants et que les adultes ont oubliées. C’est en gros la loi du plus fort.

Pour elle, avec la réaction citée plus haut de rappel des règles de « vivre en ensemble », toute l’attention est portée à défendre le harcelé et à culpabiliser et punir le harceleur. Réaction du harceleur : "j’ai eu bien raison de m’attaquer à cet élève-là qui est faible puisque il a besoin des adultes pour s’en sortir et en plus c'est un cafteur. La prochaine fois, il faudra juste que je sois plus discret."

Et le harcèlement continue… sauf que l’enfant victime ne dit plus rien aux adultes puisque leur intervention a fait empirer les choses. En plus d’avoir perdu confiance en lui-même, l’enfant a perdu confiance en l’adulte.

Et j’ajouterai : cela accroît le sentiment de toute puissance de l’autre ou des autres enfants et leur sentiment que les adultes sont à côté de la plaque ! Cela confirme aussi pour les enfants autour qu’il faut se faire discret pour ne pas être le prochain, parce qu’ils ne pourront pas compter sur les adultes.


Ce que recommande Emmanuelle Piquet, c’est de rétorquer. Travailler avec l’enfant victime à une répartie qui va clouer le bec du harceleur, le mettre en difficulté devant les autres et lui montrer qu’on est aussi fort que lui.

Ce qui est intéressant dans sa démarche, c’est que c’est l’enfant qui va régler son problème et pas ses parents ou le CPE du collège.

Surtout, ce qui est intéressant, c'est que ça fonctionne !


Formée à la Thérapie Brève avec Emmanuelle Piquet et l'équipe de Chagrin Scolaire, je peux accompagner votre enfant à Angers. Contactez-moi au 06.27.34.98.33


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