Savez-vous ce qui se passe quand on conduit tout le temps une voiture en seconde en appuyant sur le champignon pour aller le plus vite possible ?
On noie le moteur !
Aujourd’hui, burn-outs, dépressions, grosses fatigues, surcharge mentale sont autant de signaux d’un décalage entre la vitesse du monde et la réalité de ce que nos corps, nos esprits et nos cœurs peuvent vivre.
Pour être plus direct, l’être humain n’est pas paramétré pour être au taquet 20H/jour !
Pendant des siècles, jusqu’à la géniale invention de Thomas Edison, le rythme d’activité de l’être humain était basé sur le temps de lumière et sur les saisons : on s’activait en journée et quand la lumière baissait, les activités se faisaient plus douces. En basse saison, on vivait plus lentement et pendant l’été, l’activité était plus intense.
Aujourd’hui, avec l’électricité, mais aussi avec la télévision et internet, on peut apprendre, se divertir, jouer, communiquer, travailler, acheter… 24H/24.
Pourquoi diable aller se coucher quand il y a tellement de choses passionnantes à faire à la place ?
Avez-vous remarqué la fascination qu’exercent les « veinards » qui ne dorment que 4 ou 6 heures par nuit ?
Dans cette époque du tout rapide et du tout possible, quelle sont les incidences pour notre vie de famille ?
Pour les enfants, on commence à parler de Slow Education, un concept venu d’Italie, dans les années 1980, dans le même esprit que l’opposition fast-food et slow food.
De quoi s’agit-il ? De vivre plus lentement !
On parle beaucoup aujourd’hui d’Education Bienveillante ou #EducationPositive (comme si les autres modes d’éducation étaient négatifs !), qui sont malheureusement souvent abordées comme des « outils », des manières de « faire », alors qu’en réalité, il s’agirait plutôt d’une manière d’être.
On ne le sait pas toujours mais ces méthodes éducatives sont basées sur la Communication Non-Violente, nouvelle manière d’être en relation modélisée par Marshall Rosenberg. Or la #CNV est d’abord un rapport plus authentique à soi, à ses émotions et à ses besoins.
En accompagnement parental, je reçois des parents pleins de bonne volonté (comme nous tous !), vraiment chouettes, mais complètement épuisés ! Parce qu’ils essaient d’être des Super Parents qui écoutent… bien, qui accueillent… bien, qui comprennent… bien, qui organisent, qui cuisinent bio et local, qui font du zéro déchet, etc. Et qui ainsi se mettent une énorme pression !
L’éducation bienveillante nécessite de modifier notre rapport au temps, à la relation, et exige de sortir de la notion de quantité et de #Performance.
On peut s’interroger : Quelle relation ai-je envie de vivre avec mon enfant ? Quelle vie de famille ai-je envie d’avoir ?
Quand on court de l’école au cours de solfège, de la maison à l’entrainement de foot, du centre de loisir au cours d’anglais, on n’a concrètement pas le temps de se poser pour écouter la dispute à l’heure du goûter ; on n’a pas le temps de regarder comment les radis poussent ; ni celui simplement de ressentir comment on se sent.
Aujourd’hui, sur-information oblige, il y a des tas de propositions alléchantes ! Mais puisqu’une journée ne dure toujours que 24H, ce qu’on fait de nouveau remplace ce qu’on faisait avant. Et qu’on ne fait plus !
Observer la nature, marcher dans l’herbe, faire des courses d’escargots, construire un vaisseau spatial avec 2 bouts de cartons et une ficelle.
Nous sommes dans une société du trop et la #SlowEducation consisterait à respecter le rythme de chacun en ajustant les activités aux besoins de chacun. Sans avoir peur du vide.
Ce n’est pas grave si nos enfants s’ennuient. (Nous non plus d’ailleurs !). Nous ne sommes pas chargés de les remplir mais seulement de leur fournir un cadre pour développer leur #Curiosité. Du temps libre, ça permet de rêver, d’imaginer, de repenser à ce qui a été vécu et ainsi développer l’empathie et l’attachement.
Le savez-vous ? L’étude du cerveau a montré que quand il n’est pas occupé, un « réseau actif par défaut » prend le relai ? Or l’une des fonctions de ce réseau est de donner #Sens à la vie. Et la question du sens est centrale aujourd’hui : qui suis-je ? Pourquoi ou pour quoi suis-je en vie ? C’est une question importante à l’adolescence, mais pas seulement : on la retrouve aussi chez les jeunes adultes, la 30aine, bonnes études - bons parcours qui peuvent se retrouver désarçonnés par la vacuité de leur travail, ou encore chez les adultes entre 40 et 50 ans, ce qu’on appelle couramment la crise du milieu de vie avec des remises en cause de leur engagement au sein du couple ou de la famille, et les souffrances que cela entraîne.
Enfin, ce vide va aussi permettre d’avoir du temps libre pour être ensemble et peut-être aussi de repenser ses dépenses. Fabriquer un cadeau pour l’anniversaire du copain plutôt qu’aller acheter un jouet, faire des cookies maison, réparer…
Alors, plus d’activités extra-scolaires ? Si, pourquoi pas ? Mais avant, on pourrait se questionner :
Quel est le rythme de vie de notre enfant : garderie-école-cantine ? Quels sont ses temps de collectivité ? Quel temps libre a-t-il pour jouer avec ses jouets ? Pour buller à la maison, hors des temps de devoirs-bain-dîner-dodo ?
Quels sont les objectifs pour ces activités : occuper notre enfant pendant que nous faisons autre chose ? Nouer des relations ? Développer un talent ? Préparer l’avenir ?
Ça coûte combien ?
Qui sont les adultes encadrants ? Seront-ils un bon modèle pour notre enfant ? Et les autres enfants de ce type d’activité, seront-ils des amis positifs ?
Où ont lieu ces activités ? Quel sera le temps de déplacement ? Quelles seront les contraintes pour notre enfant, pour nous les parents, pour les frères et sœurs ?
Quand on est provincial et qu’on va à Paris, pendant les 1ères minutes de déplacement dans les transports en commun, on est comme décalé des autres, qui avancent, vite, d’un pas décidé, sachant parfaitement où aller et s’y rendant d’un bon pas, tous pressés, tous stressés. Au début, on est décalé et puis très vite, on se retrouve sans le faire exprès à courir comme eux, même si on n’est pas en retard pour son rendez-vous.
Et si on repensait notre rapport au temps pour transformer la quantité de ce que nous vivons en qualité ?
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