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Photo du rédacteurKarine Triot ktriot@free

Activités extra-scolaires : les inscriptions pour le « jeu libre », c’est maintenant ?


« Cette année, c’est une année off ! » m’explique Amélie, jolie blonde dynamique en entrant dans mon cabinet. Ras le bol dit-elle de courir les inscriptions, de sortir le chéquier, d’acheter les équipements nécessaires… et de passer l’année à booster ses enfants qui n’ont plus envie d’aller à la piscine (en hiver !), au cirque, à la clarinette ou à l’atelier anglais !


Est-elle une « mauvaise mère » ? Traduire : est-elle une mère égoïste qui ne pense qu’à elle et à son confort de Maman ? Une mère qui va priver ses enfants d’une activité épanouissante, d’une ouverture sur le monde, d’un lieu où développer ses talents ? Va-t-elle le priver de devenir le futur Mbappé, la future Adèle ou le futur Thomas Pesquet ? Surtout, fondamental dans notre société : va-telle le priver d’une bonne socialisation ?


Autrefois, naguère, jadis… on ne se posait pas la question : le jeudi après-midi était consacré à jouer (dans le jardin, dans la campagne, et même dans la rue pour les petits citadins), à aller visiter les grand-parents s’ils habitaient à proximité, à chercher des lézards, à regarder pousser les radis, à lire, à s’ennuyer et à imaginer ce qu’on ferait plus tard quand enfin on serait grand !

Aujourd’hui, surtout en ville où les propositions sont variées, certains en ont 6 ou 7 par semaine. 6 ou 7 quoi ? 6 ou 7 activités. Donc 6 ou 7 intervenants, donc 6 ou 7 groupes de copains différents (qui ne sont pas toujours des copains d’ailleurs !) donc 6 ou 7 moments où ils doivent se mettre en route pour ne pas être en retard !


Le ras le bol d’Amélie, partagée par de nombreux parents, me faisait penser à Saint Augustin cité par le philosophe François-Xavier Bellamy dans une conférence sur le temps : pour Saint-Augustin, le temps passé n’existe plus. Le temps à venir n’existe pas encore, donc pas du tout. (Il n’existera peut-être jamais !). On essaie de saisir le temps présent, mais comment faire puisque sitôt qu’il est… il est passé ! Ce qui faisait dire à François-Xavier Bellamy : « Le présent n’est rien si nous ne sommes pas présent à lui ». Le présent, le seul bien qu’on ne peut ni récupérer, ni transmettre.


Depuis la nuit des temps, une journée ne fait que 24H. L’électricité, la conquête de l’espace, Internet et la 5G n’ont rien changé à ce fait.


Les activités extra-scolaires, comme tout dans la vie, sont le fruit d’un choix : le temps passé à cette activité remplace une autre activité. Peut-être lire, peut-être jouer avec ses frères et sœurs (et se disputer ! ça crée du lien dans la fratrie !), faire un gâteau, ranger le bois pour l’hiver, aider Papa à réparer la fuite sous le lavabo, regarder des photos de Noël dernier, écrire à ses grand-parents. S’ennuyer et venir le dire 5 fois à Maman dans l’après-midi, si possible quand elle s’est enfin octroyé un temps pour elle !

Toutes ces activités « sans sollicitation » sont des activités formatrices majeures parce qu’elles rendent l’enfant acteur de son attention. Et l’attention, pour Matthew Crawford, philosophe américain éclectique, c’est la denrée rare du XXIème siècle contre laquelle la publicité et les neurosciences s’allient pour nous aider à plus consommer.

Alors, plus d’activité ? Si, pourquoi pas, mais en prenant le temps de se poser des questions

  • Quel est l’objectif de cette activité ? Le pour… quoi ?

  • Où a-t-elle lieu ? Quel est le cadre ? Quelles en sont les valeurs ? Qui sont les animateurs ? (Qui vont devenir des référents, des modèles pour votre enfant).

  • Quels sont les autres enfants : Combien ? Quel style d’éducation ? Quelles influences ?

  • Quel est le rythme de mon enfant : Quel sera le temps de collectif en tout dans sa journée, dans sa semaine ?

  • Quel est mon rythme à moi : quel temps disponible pour faire ce qu’il y a à faire en étant détendu ?

  • Quel sera l’impact sur la vie de famille (et en particulier les petits frères et sœurs qui pourraient passer leur mercredi après-midi dans le siège auto)?

  • Quels sont les critères de choix : L’envie de l’enfant ? La proximité géographique ? Le coût ? La manière de développer des qualités ? Des compétences ? Un talent ? Faire ce que le parent avait rêvé de faire ? Occuper l’enfant pendant que les parents font autre chose ?

La question du temps se pose pour :

· Penser

· Rêver, imaginer

· Se parler et s’écouter

· S’habituer à soi – à la solitude – à la vacance

· Faire ce qui est nécessaire : son travail scolaire / le bain / le rangement de sa chambre / se reposer / dormir

A quoi utilisons-nous notre temps ? A quoi le perdons-nous ?

Quelles activités sont distrayantes ? Lesquelles sont ressourçantes ?

Les activités extra-scolaires posent aussi la question du silence : quand on passe d’une activité à l’autre, d’un groupe à l’autre, on n’a pas le temps d’être dans le vide d’activité mais pas le temps non plus d’être dans le vide de bruit. Or, le silence et la solitude nous permettent de nous relier à nous-mêmes, de nous aimer mieux et d’être autonomes vis-à-vis des autres. Ce qui n’est pas négligeable dans une époque où on s’agace des ados zappeurs ou ultra-connectés à leurs potes via les réseaux sociaux.

Savez-vous que quand notre cerveau n’est pas occupé, un réseau actif par défaut, genre itinéraire bis, prend le relais et l’une de fonctions de ce réseau est de mettre du sens.

Or le sens est LA question actuelle chez… TOUS : ados, grands adultes, adultes de la 40 aine, personnes qui vieillissent…

3 conseils pratiques :

1- Noter le temps que prend chaque activité « obligatoire » : Ecole (8H30-16H30) ? Garderie ? Devoirs ? Bain-douche-dents-repas ?

Que reste-t-il comme temps libres ?


2- Noter les temps de collectivité de mon enfant : Garderie ? Cantine ? Centre de loisir le mercredi et les vacances ?

Quand a-t-il des temps de solitude ?

3- Lister les activités envisagées et noter :

  1. Quel est l’intérêt de cette activité (qualité développée, compétence, relations…) = pour quoi…

  2. Qui les organise et les anime (valeurs, état d’esprit, ambiance, relation) ?

  3. Avec qui mon enfant va-t-il faire cette activité = qui va-t-il rencontrer ?

  4. Combien ça coûte : en temps (pour lui, pour les parents, pour la fratrie) et en argent ?

  5. Quel est le niveau d’envie de mon enfant pour cette activité (noter de 1 à 5)

Conclusion : Développer des talents, découvrir de nouvelles activités, ça se fait aussi sur le temps des vacances : avec des ateliers et des stages dans sa ville, mais aussi dans celle des grand-parents par exemple (un bon moyen d’être chez eux sans être trop fatigants), et aussi avec les parents et les grand-parents : Mamie coud et fait faire de la couture à ses petits-enfants ; On jardine avec Grand-Père ; on visite un château avec les parents, etc…


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